On s'habitue à la chance ?
030422
A nouveau un temps sublime pour ce troisième jour. C'était hautement improbable, c'est hautement jouissif, et hautement addictif. Le fait est que l'on s'habitue fort bien (trop bien ? trop vite ?) à avoir de la chance. Notre plaisir est aussi immense que le paysage qui nous entoure, aussi insolent que ces conditions parfaites qui nous sont accordées. Et nous n'avons même pas, pour nous donner un semblant de bonne conscience, la moindre raison de penser que cette chance, nous la méritons. Mais au fond, l'évidence est sans doute là : entre chance et mérite, inutile de chercher un rapport, une relation, une causalité. Il n'y en a pas.
Finalement, oui
020422
Finalement, non. Il ne neige pas ce matin. Finalement, oui, nous avons des conditions sur lesquelles je n'aurais certainement pas osé parier : froid hivernal, une belle petite couche de neige poudreuse tombée de la veille. L'idéal, en somme. Il faudra juste faire attention aux cailloux tout juste masqués, lorsque nous descendrons du col de Rhêmes.
Flocons, questions. Poisson ?
010422
Bon. Ce jour n'est peut-être qu'un vaste poisson d'avril, finalement : la prévision météo est médiocre, les flocons qui tombent aujourd'hui sont autant de questions posées à la pertinence de notre obstination à vouloir monter au refuge de Fond. Le bien nommé, tout au fond du Val de Rhêmes. Anne, Nicolas, Arnaud, Stéphane me font confiance, c'est sans doute cette confiance même qui m'incite à douter. Mais tant qu'il n'y a pas de risque, autant aller voir. La troupe est sympathique et nous sommes assurés de passer un bon moment, quoiqu'il arrive.
Serrer les dents
270322
Je ne sais pas si Olivier serre les dents. Ce n'est peut-être pas la meilleure manière de supporter ces douleurs qui l'empêchent d'accéder au plaisir d'être là. En tous cas ce n'est pas pour son plaisir qu'il monte au col de Giasson pour ensuite faire cette magnifique descente du vallon d'Invergnan. C'est juste pour éviter d'imposer à ses compagnons une descente directe depuis le refuge. Chacun de nous le sait, le voit, lui en sait gré. Lui, il voit que c'est beau, il sait que c'est beau, mais il ne le vit pas. Ce que l'on peut percevoir, ce que l'on sait, et ce que l'on vit, ce sont parfois trois histoires bien différentes.
La boussole des lieux
260322
Nous sommes partis pour aller au col de Bassac Déré, nous irons finalement au col est de la Sassière, en nous laissant attirer par les pentes et la qualité de la neige, Il en est quelquefois ainsi : plutôt que de réaliser un objectif, se laisser guider par ce que le paysage révèle au fur et à mesure de notre progression. Par une boussole intérieure qui nous dit : allons plutôt là. Et il est, pour moi, très agréable, d'être en compagnie de personnes qui s'accordent à cette manière d'avancer, de s'avancer.