Erik Decamp

Mountain Guide

Ma motivation.

Depuis le début de ma vie professionnelle, j'ai exploré deux directions : l'une est liée à ma passion pour la montagne et à mon métier de guide, l'autre est liée à ma formation scientifique initiale. Durant plus de 15 ans j'ai utilisé cette formation dans une activité de chercheur, en même temps que je vivais une période très féconde de ma vie d'alpiniste. Ces deux mondes étaient plus ou moins déconnectés l'un de l'autre. C'était à la fois stimulant et un peu frustrant.
L'alpinisme me permettait de vivre des situations qui me faisaient réfléchir sur bien des sujets. Nous devons composer avec des risques, dans un contexte où les facteurs humains sont essentiels, et nous ne sommes pas seuls : une équipe est engagée. Pas de succès réel sans confiance et solidarité. L'environnement de la montagne est complexe et en partie imprévisible. La perspective du risque et la nécessité d'atteindre des objectifs peut affecter nos comportements individuels et nos relations interpersonnelle, et quelquefois compromettre ainsi notre efficacité et notre sécurité. Le défi est alors aussi d'être lucide sur ses propres fragilités.
Etre guide est une responsabilité légale et morale ; ce métier est fait d'enseignement, d'accompagnement, de transmission de savoirs et d'expérience, et le guide joue un rôle dans l'accession à l'autonomie de ceux qu'il accompagne.


Maturation

Je me rendais compte de la pertinence de ces questions dans la vie personnelle et professionnelle. Cela m'a pris du temps, sans doute celui de la maturation, avant de pouvoir me représenter comment traduire cette expérience pour un public étranger à toute pratique de la montagne, et comment ces personnes pourraient s'approprier cet apport pour leur propre développement personnel et professionnel.


Les principaux sujets d’interventions, conférences ou séminaires.

Je propose des séminaires et des "ateliers en montagne" sur des thèmes liés à l’engagement en équipe, à l'équipe face au risque, à la transmission et aux compétences de sécurité au travail.

En voici quelques exemples :

« S’engager en équipe ». Les enjeux de nos entreprises, la voie que nous devons tracer quotidiennement dans un environnement  de plus en plus complexe et imprévisible, imposent que nous puissions nous mobiliser efficacement. Or, c’est précisément là, dans la perspective du risque et sous la pression des objectifs à atteindre,  que la tension,  le sentiment de mise en danger peuvent  altérer les comportements individuels et fragiliser l’esprit collectif, rendant quelquefois l’équipe plus vulnérable et moins efficace. L’intervention propose un détour par l’univers de la haute-montagne, où il est vital de maîtriser la prise de risque en équipe. Cet un environnement exige de ceux qui acceptent de s’y confronter une vision lucide et sincère de leurs  possibilités et de leurs limites, ainsi qu’une mise en actes de la relation entre autonomie, responsabilité et solidarité.
Biblio : « Repenser l’entreprise. Saisir ce qui commence, vingt regard sur une idée neuve ». Editions Le Cherche Midi

« Ecologie de la prise de risque ». Les entreprises, leurs dirigeants, leurs managers et les opérateurs de terrain agissent dans un environnement de plus en plus incertain. Même si l’action est encadrée par des indicateurs et des procédures aussi rigoureuses que possibles, chacun est conscient de la place nécessaire de l’initiative et de la prise de responsabilité. Dès qu’un individu entre en action, il entre dans un système d’interactions. C’est ce tissu d’interactions que l’expérience du guide de haute-montagne éclaire de manière pragmatique et concrète, en abordant le poids des représentations dans la prise de risque, les éléments intervenant dans le calcul du risque et la prise de décision, les pratiques qui en découlent et les enseignements que chacun peut en tirer dans son propre champ d’activité.
Biblio"Crises et facteurs humains. Les nouvelles frontières mentales des crises". Sous la direction de Thierry Portal. Editions De Boeck Université, 2009. « Prévenir les crises. Ces Cassandre qu’il faut savoir écouter ». Sous la direction de Thierry Portal et Christophe Roux-Dufort. Ed A. Colin, 2013. « La jouissance choisie de l’inquiétude » dans le livre "Profession guide de haute montagne", Ed Zalio 2008.

« Frontières ». Les montagnes sont des frontières naturelles, c’est une sorte d’évidence géographique. Frontières, elles sont  des lieux de passage et relient autant qu’elles séparent. Elles sont aussi ce que leurs deux versants ont en commun et constituent de ce fait une entité qui se joue des frontières, tout comme parcourir les lignes de crêtes c’est concrétiser le rêve fragile de se situer de part et d’autre, de ne pas s’enclore mais de s’ouvrir. Au franchissement du col un autre espace s’ouvre à nous, qui est aussi l’espace de l’autre. 
En fréquentant la montagne nous voyons aussi parfois se dessiner certaines de nos frontières intimes, entre ce qui nous paraît possible et impossible, accessible et inaccessible, connu et inconnu. S’aventurer sur ce terrain, c’est parcourir d’autres lignes de crête, les nôtres, et accéder à l’émerveillement de voir certaines de ces frontières se déplacer, nous ouvrant cette fois à une part de nous-même qui, peut-être, nous était jusque là étrangère.
Biblio : « Frontières, lieux communs et montagnes ordinaires », Les Temps Modernes, n°656, 2009.

« La confiance mise en actes ». C'est à une métaphore que je vous convie. En tant qu'alpiniste je suis imprégné de l'expérience de la cordée, relation d'engagement dont la confiance est le socle et le risque. Guide de haute-montagne, j'expérimente chaque jour que les ressorts de la confiance sont précieux et fragiles, et qu'une authentique confiance en soi se nourrit d'un pari sur la confiance que j'accorde et que l'on m'accorde. Enfin, dans les gestes même du grimpeur, la cohérence du discours, de l'intention et de la posture est au coeur du sentiment de confiance.

« Avancer dans l'inconnu ».
Avancer dans l'inconnu, c'est vivre des situations dans lesquelles nous manquent des repères intellectuels (des connaissances), des repères sensibles (perceptions et émotions), des situations dans lesquelles ces repères sont déplacés, désorientés. C'est constater que parfois nous manquons de modèles sur lesquels pourrait s'appuyer notre intelligence de la situation. C'est constater que les quelques représentations dont nous disposons s'avèrent parfois fausses ou inappropriées. C'est parfois mesurer le poids de nos croyances, des a priori que nous abritons à notre insu et qui polarisent notre regard sur les choses. C'est rendre critique, de ce fait, la nécessité de s'appuyer sur notre intelligence collective. Telles sont les mises que l'expérience d'alpiniste et de guide permet de parcourir.

« Le mentoring, une cordée dans un processus de transmission ».
Cette approche s'appuie sur l'expérience du guide de haute-montagne dont la mission est à la fois de former (acquisition de techniques, sensibilisation à des comportements, familiarisation avec un environnement), de transmettre (des savoir-faire, des savoir-être, des connaissances sur l'environnement et les aléas propres à la pratique, une culture de montagne et de relation au risque et à l'incertitude), d'accompagner (au sens très concret d'être un compagnon de cordée et au sens d'être le responsable d'un processus d'accompagnement) et de faire grandir (donner les moyens de l'autonomie, responsabiliser, rendre conscient). L'illustration par des situations concrètes en montagne met en relief des sujets-clés de la relation mentor/mentoré.
A voir :
video sur le tutorat

« Facteur humain ».
Les organisations soucieuses de prévention et de sécurité se dotent de toutes les procédures visant à éviter l'accident du travail aussi bien que l'accident industriel. Néanmoins cet effort doit s'accompagner d'un travail sur les comportements. La sécurité par les comportements et par la qualité des interactions entre les acteurs est au coeur de l'expérience de l'alpiniste pour qui la gestion du risque est vitale. A travers des récits, des retours d'expériences critiques et la partage de pratiques au quotidien, le détour par la haute-montagne propose des pistes de réflexion et de progrès sur les facteurs humains.

« Agilité ».
Dans la pratique de la haute-montagne, la nécessité d'être agile se vit à tous les moments et dans toutes les composantes de l'ascension. Au présent, bien sûr, et dans la gestuelle de l'escalade, l'agilité s'éprouve par la rapidité, la capacité à trouver une solution inédite à une difficulté nouvelle, par la souplesse. Au présent toujours, dans notre relation à l'environnement et dans le fonctionnement de l'équipe, notre agilité s'appuie sur trois qualités : savoir mobiliser notre attention pour percevoir les changements à venir ; savoir remettre en question nos propres croyances ; changer nos habitudes. Se projeter, percevoir, s'adapter, tels sont les ressorts de l'agilité individuelle et collective en haute-montagne. En filigrane de ce tableau : la confiance. Confiance en soi, construction d'une relation de confiance éclairée, confiance en ses propres ressources, confiance en l'avenir.



Les principaux formats d’intervention.

Les séminaires ont lieu dans les entreprises elles-mêmes, dans le cadre de formations ou d'événements comme des conventions. Les ateliers en montagne comprennent des sorties sur le terrain, une efficace contribution au renforcement des équipes. Ils peuvent être construits autour d'une interaction entre ces mises en situation et des approches plus théoriques.

En voici quelques exemples :

En salle : du format conférence (de l’ordre d’1h30 incluant questions réponses) à des formats plus longs (2 heures à la journée ou plus) incluant des ateliers permettant une appropriation plus poussée du détour par l’expérience de la montagne. Seul ou en co-animation.

Sur le terrain, avec l’objectif de faire vivre une expérience qui devient la matière des échanges et du travail d’appropriation :
  • à Chamonix, avec un format de base de 48h et deux mises en expérience (initiation à l’escalade, sortie en haute montagne) suivies de débriefs. Les sujets centraux en sont : la confiance, accueillir des repères nouveaux. Seul ou en co-animation
  • sans contrainte de lieu (autre que d’être dans un espace de nature), avec un format de 24h et une mise en expérience par un parcours d’orientation en équipe partiellement nocturne et un débrief le lendemain matin. Le sujet central est la perte des repères l’acquisition de repères nouveaux. Seul ou en co-animation.