Erik Decamp

Mountain Guide

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CZ13, septième jour

Qui a dit que le septième jour d’aucuns se reposaient ? Cette image triche, elle est du soir du sixième jour. Le dernier ne sera que neige et pluie battante, la fière équipe arrive à Zermatt bonne à essorer, et heureuse. Tout le monde est là, cette histoire commencée il y a un an a trouvé son accomplissement, chacun pense à la suite à donner. CZ13 poursuivra son oeuvre.

CZ13 sixième jour

Il a neigé pendant la nuit. Le matin, inutile de se hâter, voyons ce que devient le ciel. Ouverture, la journée sera belle, à tout le moins « good enough ». Nous pourrons vivre pleinement ce moment, à l’approche de Tête Blanche, où le Cervin s’offre au regard, où l’étendue et l’altitude se déploient sans écraser.
« Le Cervin apparaît. Tout à coup il est là, à surgir, ouvrant l’espace » écrit Henri Maldiney dans « Ouvrir le rien, l’art nu ».

CZ13, cinquième jour

Vignettes, col de Charmotane, col de l’Evêque, descente du haut glacier d’Arolla, Plan de Bertol, col de Bertol, cabane Bertol. Une journée peut se décrire par une succession de noms, un itinéraire par une succession de points GPS que nous prenons en prévision d’un temps douteux. A l’heure du pique nique au plan de Bertol, la neige arrive en rafales. Curieusement, autour de nous, pendant un moment elle monte...

CZ13, quatrième jour

Temps merveilleux, gel nocturne parfait pour la neige, glacier d’Otemma entièrement enneigé ce qui rend la marche plus facile et plus agréable : les conditions idéales sont réunies pour cette longue remontée. On ne dira pas « interminable », bien que ce soit le premier mot qui vient à l’esprit pour qualifier ce glacier, car tout en haut il y a une fin : le refuge des Vignettes. Avec cette fraîcheur, ce torrent, cette ampleur du paysage, cette lumière, ceux d’entre nous qui connaissent l’ambiance de trekking la retrouvent avec plaisir.

CZ13, troisième jour

Enfin ! Merveilleux début de journée, nous voyons enfin ce paysage qui nous est resté caché hier. Une étape longue nous attend aujourd’hui : descente d’Orny à Champex (sans le secours du télésiège, en arrêt maladie), puis une heure de taxi jusqu’au barrage de Mauvoisin. Puis 3 bonnes heures de montée pour atteindre la cabane Chanrion. Tout le monde est prévenu : c’est la première journée longue, et elle peut être décisive. Le transfert en minibus a un effet déroutant et inattendu : rupture de rythme, rupture d’environnement, tout cela nécessite, lorsqu’il s’agit de repartir sur ses propres pieds, un réinvestissement qui n’a rien d’évident. C’est un moment propice à des failles dans le moral des participants. Se retrouver à Chanrion, c’est renouer avec l’immersion, d’une certaine manière un soulagement. A partir de maintenant, et jusqu’à Zermatt, si tout se passe bien nous ne descendrons plus dans une vallée.

CZ13, deuxième jour

Première journée sur glacier, avec vent et neige pour nous mettre dans l’ambiance de la haute-montagne. Le moral est au beau fixe, et s’il ne peut rien sur le monde qui nous entoure, il peut presque tout sur ce que nous vivons ! Après un arrêt au refuge de Trient pour le plaisir de le découvrir, de nous y restaurer au chaud, et dans l’espoir - justifié - d’apercevoir enfin une éclaircie, nous poursuivons jusqu’à la cabane d’Orny où nous attend l’accueil « tip top » de Raymond Angeloz et de madame.

CZ13, premier jour

Nous y voilà, finalement, au seuil de cette haute route Chamonix-Zermatt tant désirée, préparée, redoutée pour certains. La météo n’est guère indulgente, temps maussade, frais. La montagne ne l’est guère non plus : avec toute cette neige, nous préférons nous encorder pour certains passages du chemin qui nous mène au refuge Albert 1°. Mais l’excitation et le plaisir d’être là sont au rendez-vous !

Prévenir...

En 2009 était paru « Crises et facteur humain », ouvrage collectif sous la direction de Thierry Portal, illustrant l’importance des facteurs humains dans le déclenchement, la gestion et la sortie des crises. Poursuivant la trace ainsi créée, Thierry Portal est cette fois, avec Christophe Roux-Dufort, de l’Université de Laval (Québec), à l’initiative d’un nouveau livre qui paraît chez Armand Colin : « Prévenir les crises ». Cette fois il s’agit d’explorer ce qui peut être annonciateur des crises à venir, et surtout ce que nous sommes capables d’en faire. Sous le titre « Un peu plus loin sur la droite », je me suis risqué à une contribution s’appuyant sur quelques uns des signes que l’alpiniste se doit de capter à temps. Sous ce titre énigmatique, une allusion que les lecteurs de Fred Vargas reconnaîtront sans doute….