J'aurais aimé clore ces trois journées de randonnée par une sortie glaciaire, mais l'incertitude et les nuages s'en sont mêlés. Il y avait des envies de "plus grand", quelques contraintes, mais surtout une belle amitié, dans ce groupe, et c'est elle qui a pris le dessus. Parfois la montagne est un prétexte - à une rencontre, à un partage, à un plaisir partagé - cela ne lui enlève rien, d'ailleurs.

Ils sont bons skieurs, mais ce n'est pas aujourd'hui que nous trouverons une neige de rêve. Ils sont aussi ouverts à vivre la montagne autrement, et se trouver à vue des "géants", Mont-Blanc, Jorasses, est une nouveauté qu'ils goûtent à grandes lampées. Les voir s'émerveiller du spectacle, voilà qui fait grand plaisir…

Il est très rare que je monte au Montenvers sans autre intention que d'y être. C'est presque le cas aujourd'hui ; presque, car j'y suis pour une conférence avec ce paradoxe de parler de montagne à l'intérieur pendant que sa présence explose à l'extérieur. Bref. Toujours est-il qu'être là différemment, c'est aussi regarder autre chose, ou autrement.

C'est trop rare, et trop bon, pour ne pas s'en délecter : voir la mer. L'Atlantique. A Biarritz. L'occasion m'en est donnée, je m'en repais. Et j'ai la chance de partager un (assez bref) bain à 12° avec des amis coutumiers de la baignade hivernale. Grand moment…

Le Tour, l'endroit où les freeriders chamoniards ne viennent pas tout de suite, tant le tropisme des Grands Montets est puissant. On peut le comprendre, d'ailleurs. Et pourtant, ici il y a l'espace et la neige de rêve est aussi au rendez-vous. Ainsi qu'une nuée de corbeaux. J'ai attendu. Attendu qu'ils se rassemblent un peu plus dans les airs avant de se poser sur ces branches. Attendu de voir dans leur présence un petit clin d'oeil ironique de Sir Alfred H. Mais non, ces messieurs m'ont juste un peu nargué. Et un court instant, ils ont eu dans le ciel la compagnie d'un avion.

Seuls mes proches savent pourquoi le 10 mars sera à jamais pour moi une journée particulière. Mais là n'est pas le sujet. Aujourd'hui est aussi le jour d'un cadeau d'anniversaire : une journée de découverte de la cascade de glace, que je choisis de proposer à Cogne, sur l'inusable cascade de LIllaz. La saison est quand même un peu avancée et la glace un peu attaquée, mais sa qualité "polystyrène" est fort agréable. Nous passons entre gouttes (surtout) et flocons (un peu), avec la chance d'être seuls. Seuls à Lillaz, ça existe donc !

Visibilité nulle au sommet de l'Aiguille du Midi, Hum, que faire ? Déjà descendre l'arête, en prévenant qu'il faudra peut-être la remonter. S'apercevoir qu'on y voit un peu quand même, lumière blafarde et ciel rempli. S'avancer. S'encorder, un peu, pour un passage douteux où on ne peut prétendre y voir suffisamment pour réagir à temps. Trouver de la si belle neige. Voir tout cela s'éclaircir. Se réjouir d'y être allés.