Un "esprit de cordée" bien étroit
190320
Comme à tous ceux qui parcourent habituellement la montagne, il me coûte de m'abstenir. Comme tous, je suis chatouillé par la séduction d'une expression de ma liberté qui consisterait à y aller quand même. Y aller, comme beaucoup de ceux qui le font ces jours-ci, en me donnant tous les moyens de la bonne conscience (je ne rencontre personne, je suis prudent, je fais juste une petite sortie, etc, etc). Pourtant, mon choix est clair : je n'irai pas.
On vante souvent "l'esprit de cordée" comme métaphore de la solidarité et de l'engagement partagé. Il m'arrive aussi de le faire, d'ailleurs. Il est vrai que l'expérience de la cordée implique une juste appréciation des risques et une présence attentive aux compagnons.
Mais l'esprit de cordée serait-il finalement si étroit qu'il ne permet pas de voir "plus loin que le bout de la corde" (comme on dit "ne pas voir plus loin que le bout de son nez") ? Serait-il si étroit qu'il débouche sur une indifférence à ce contexte général dont on nous prie instamment de tenir compte (le risque épidémique, le risque de mobiliser des services de secours et de santé en cas d'accident, le risque de contribuer à inspirer des comportements dangereux) ?
Ceux qui aujourd'hui pensent se sentir plus libres, plus audacieux, plus responsables d'eux-mêmes, plus autonomes en sortant malgré tout en montagne, de quel "esprit de cordée" pensent-ils être les incarnations ?
" Je ne peux pas penser ma liberté indépendamment de ma relation à autrui. Elle peut être de mépris, d'indifférence ou de solidarité, mais j'en suis comptable dans tous les cas ". (F. Noudelmann, https://www.philomag.com/les-idees/sartre-par-francois-noudelmann-meme-enferme-ma-responsabilite-demeure-42802)
La photo ci-dessous, en son temps, j'avais eu envie de l'appeler "Le fantôme de la liberté"
On vante souvent "l'esprit de cordée" comme métaphore de la solidarité et de l'engagement partagé. Il m'arrive aussi de le faire, d'ailleurs. Il est vrai que l'expérience de la cordée implique une juste appréciation des risques et une présence attentive aux compagnons.
Mais l'esprit de cordée serait-il finalement si étroit qu'il ne permet pas de voir "plus loin que le bout de la corde" (comme on dit "ne pas voir plus loin que le bout de son nez") ? Serait-il si étroit qu'il débouche sur une indifférence à ce contexte général dont on nous prie instamment de tenir compte (le risque épidémique, le risque de mobiliser des services de secours et de santé en cas d'accident, le risque de contribuer à inspirer des comportements dangereux) ?
Ceux qui aujourd'hui pensent se sentir plus libres, plus audacieux, plus responsables d'eux-mêmes, plus autonomes en sortant malgré tout en montagne, de quel "esprit de cordée" pensent-ils être les incarnations ?
" Je ne peux pas penser ma liberté indépendamment de ma relation à autrui. Elle peut être de mépris, d'indifférence ou de solidarité, mais j'en suis comptable dans tous les cas ". (F. Noudelmann, https://www.philomag.com/les-idees/sartre-par-francois-noudelmann-meme-enferme-ma-responsabilite-demeure-42802)
La photo ci-dessous, en son temps, j'avais eu envie de l'appeler "Le fantôme de la liberté"