Le jour d'après
180320
Les promenades sans but ont ceci de fructueux qu'elles offrent à l'esprit la possibilité d'emprunter des circuits inhabituels. Je marchais, donc, à proximité de mon domicile, muni de "l'attestation dérogatoire" ad hoc, à distance respectueuse de toute rencontre. Et en regardant bien où je mettais les pieds et comment, car ce n'est pas le moment d'encombrer l'hôpital ! Ce qui m'a fait penser au récit de la petite chute d'une de mes connaissances : à pied, sur un chemin enneigé, et qui lui vaut des soucis sérieux au poignet. Il me disait : juste avant de tomber, j'ai pensé et dit "il faut faire attention". C'est curieux, mais fréquent : la phrase n'est parfois pas encore terminée que l'accident arrive. Autrement dit : le moment où on le dit est le moment même où on ferait bien de le faire. Tout de suite. Le danger est perçu et l'alerte est donnée, mais la décision vient dans un deuxième temps et l'accident se glisse dans ce court intervalle. Les scenarii de montée en puissance des consignes concernant le CoVid19 me semblent avoir reproduit ce processus. Par exemple, lorsque le nord de l'Italie a vu venir les mesures de confinement, mais que les décisions n'étaient pas encore effectives, il y a eu grande transhumance d'italiens vivant dans le nord, vers le sud d'où ils sont originaires. Etc, etc. L'instant d'après, le jour d'après, c'est parfois juste un peu trop tard. Mais il est si difficile d'incorporer que : si je nomme l'imminence d'une menace, c'est sans doute que la menace est déjà là et que le moment est venu, non pas d'alerter, mais de décider.